Et si c’était vrai pour moi, c’était peut-être aussi vrai pour mon frère. Mais Anatole avait-il un corps confortable ? En le regardant, je pouvais penser que oui. Était-il agile, savait-il jouer, se promener, dessiner ? Oui. Alors, qu’est-ce qui rendait Anatole malheureux d’être Anatole ?
Qu’est-ce qui peut rendre Anatole si malheureux au point de pleurer sans cesse et de n’être jamais au sec ? Sa sœur, Régine Bibeau, et son père tentent par tous les moyens de faire rire le petit Anatole qui, lui-même, ne comprend pas sa peine :
-Anatole, pourquoi tu pleures?
Anatole répondait :
-Sais pas.
Toujours la même réponse.
-Sais pas.
Régine finit par comprendre qu’Anatole n’aime pas être lui. Même si son corps reflète une image positive et solide, il en est tout le contraire dans son jardin intérieur. Un mélange d’incompréhension et d’inconfort le ronge de l’intérieur.
Il souhaite vêtir ce qu’il lui plait (surtout la belle jupe jaune qu’il a vue sur le site Internet d’une boutique en ligne) et jouer avec les objets de son choix, et ce, même s’il s’agit d’une pouliche. Mais, les stéréotypes sociaux associés à ce qui est « masculin » l’empêchent, peut-être, d’être ce qu’il est vraiment.
Décrit d’une manière empathique et sensible, cet album permet au lecteur de comprendre qu’Anatole fait face à une profonde quête identitaire et que celle-ci sera parsemée d’embûches. Désirant voir son enfant épanoui, le père d’Anatole lui permet d’arborer ce qu’il aime au-delà du fait que ses nouveaux vêtements ne correspondent pas aux codes sociaux véhiculés.
Je voyais surtout la différence dans les yeux des gens : dans la rue, à l’épicerie, au parc, au cinéma, les gens nous regardaient beaucoup plus spécialement qu’avant.
Anatole qui ne séchait jamais est une magnifique œuvre empreinte d’une beauté tant du côté du texte que des illustrations.
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Bonne lecture!
Virginie_CP
Source : Anatole qui ne séchait jamais, Stéphanie Boulay et Agathe Bray-Bourret, Fonfon, 2018
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